Source : Stéphanie Lagand, FacteurH.com
Il faut attendre le développement des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) dans les années 1990 pour que le télétravail s’intègre définitivement comme nouvelle méthode de travail.
Définition du concept
L’article L.1222-9 du Code du travail français nous donne la définition suivante : « Le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication »
L’Histoire du Télétravail
Emergence et Développement au cours de la seconde moitié du XXème siècle
Les premiers signes du télétravail semble apparaître en 1950 lorsque Norbert Wiener, mathématicien et architecte américain supervise depuis l’Europe la construction d’un bâtiment aux Etats-Unis. Norbert Wiener utilise alors des moyens de transmission de données pour suivre l’avancée des travaux.
Les véritables notions du télétravail viennent ensuite de l’invention du fax et du téléphone en 1970 porté par le terme “Téléwork”. « Téléwork » apparaissant pour la première fois dans un article du Washington Post en 1972.
En France, dès les années 1970, le télétravail est vanté « par les pouvoirs publics français qui y voient un mode d'aménagement du territoire »
À la même époque, Jack Nilles, considéré comme le père du télétravail, lance ses premiers travaux sur ce qu’il baptisa, en 1975, le “telecommuting”.
Alors que se développe la mondialisation économique ainsi que l'ordinateur personnel, le télétravail devient petit à petit pour les entreprises un des outils de délocalisation et d'externalisation du travail, permettant de réduire les coûts et d’augmenter la « mobilité du travail ».
Il faut attendre le développement des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) dans les années 1990 pour que le télétravail s’intègre définitivement comme nouvelle méthode de travail.
Début du XIX siècle : l’ancrage du télétravail dans le monde du travail
Dans les années 2000, il devient un véritable projet organisationnel s'inscrivant dans une stratégie d'entreprise, mais sa pratique manque de régulations (politique, légale, sociale, organisationnelles).
Concentré dans certains secteurs d'activités (informatique, conseil) jusque dans les années 2005, ses avantages et inconvénients restaient discutés.
Malgré une réglementation plus adaptée (Accord cadre européen du 16/7/2002, Conventions collectives de travail et autres lois ou recommandations dans les états membres de l'UE), une partie du télétravail est pratiqué de manière informelle. En 2015, 17 % de la population active européenne pratiquait le télétravail à domicile et mobile, selon une étude de l'Union européenne.
Des dispositions législatives favorables à la pratique du télétravail, notamment à domicile, existent dans de nombreux pays, toutefois le télétravail (à domicile ou en télécentre) demeure une pratique minoritaire.
Développement du télétravail
Le développement du télétravail au cours des 70 dernières années a également été favorisé par l’évolution de plusieurs contextes.
Les contextes favorables au développement du Télétravail
Le contexte technologique
Tout d’abord le contexte technologique avec l’apparition des NTIC dans les années 90, pour pratiquer le télétravail, il suffit d’avoir un ordinateur et une connexion internet.
Ensuite, de nombreuses applications ont permis d’améliorer la rapidité et la sécurisation des échanges, et de faire évoluer la communication avec notamment l’avènement des visioconférences.
Le contexte écologique
Selon une étude du Centre for Economics and Business Research de 2012, "chaque automobiliste passe une moyenne de 47 heures bloqué dans des embouteillages. Cette perte de temps coûtent chaque année pas moins de 5,9 milliards d’euros à l’économie française. 568 millions d’euros sont perdus dans le « carburant gaspillé », 3,5 milliards dans le temps ainsi perdu, et 1,8 milliard se répercutent sur les prix à la consommation. Soit une dépense de 677 € par foyer" . Cette étude a été menée à Paris qui concentre 40% des embouteillages français.
Le télétravail permet de réduire cet impact énergétique dû aux transports pour rejoindre son entreprise.
Le contexte sociétal
En outre, le télétravail s’est accentué dans un contexte sociétal où la fatigue et le stress au travail deviennent des préoccupations majeures du quotidien.
Près d’un quart des salariés français seraient dans une situation d’hyper-stress au travail. Grâce au télétravail, ils peuvent ajuster leurs horaires, sans avoir leur employeur ou manager sur le dos ou le stress d’arriver en retard.
Le contexte politique et RH
Au niveau européen comme à l’échelle nationale, le télétravail a su s’imposer dans le monde du travail.
Au niveau européen
Les politiques se sont peut à peu renseignées sur cette nouvelle méthode de travail. Et, dès 2002, les partenaires sociaux européens ont trouvé un accord-cadre européen sur le travail hors des locaux de l’entreprise. Le télétravailleur bénéficie désormais des mêmes droits que le travailleur effectuant son travail dans les locaux de son entreprise, l’objectif étant de concilier sécurité et flexibilité dans ce nouveau mode de travail.
Au niveau national
En France, le gouvernement a encadré le télétravail par l’ordonnance Macron du 22 septembre 2017.
Depuis, le travail hors des locaux de l’entreprise est défini par le code du travail, il est reconnu comme une méthode de travailler. Cette ordonnance apporte des précisions sur sa mise en place, les droits du télétravailleur et de son employeur et enfin sur les équipements du télétravailleur.
En 2020, la crise sanitaire mondiale due à l’épidémie de COVID-19 a mis un coup de projecteur sans précédent sur cette méthode de travail. En effet, le confinement de la population a contraint les entreprises à s’adapter, et le télétravail s’est développé dans tous les secteurs d’activité de l’économie.
On peut aujourd’hui se poser la question de l’après-crise sanitaire.
Les entreprises vont-elles continuer à favoriser le télétravail, vont-elles revenir à des méthodes de travail plus classiques, ou vont-elles adopter un système hybride combinant le travail en présentiel dans des bureaux et le télétravail ?
Le contexte économique
Les charges immobilières d’une entreprise peuvent être impactantes selon la taille de l’organisation et sa croissance. On peut aujourd’hui penser croissance de son entreprise en termes de nombre de collaborateurs et de chiffre d’affaires sans avoir forcément un impact sur ses charges immobilières si l’organisation décide rapidement d’une mise en place de télétravail/flexi-bureaux (bureaux tournants).
En effet, selon une enquête de la DGE (Direction générale des Entreprises) publiée en 2012, le télétravail apporterait jusqu’à 30 % d’économie sur la surface immobilière de l’employeur. Le télétravail diminue le nombre d’espaces nécessaires aux collaborateurs ce qui réduit le coût de l’immobilier pour l’employeur.
Aujourd’hui, où en est-on ?
Actuellement, le télétravail est devenu un argument d’attraction pour les collaborateurs, mais pas pour tous. En effet, on a aussi pu constater un isolement grandissant du télétravailleur.
Certains sont à l’aise avec cet « isolement » (qui reste une perception très personnelle selon les individus), d’autres non, et éprouvent le besoin de voir leurs équipes, leurs collègues ou les partenaires avec qui ils collaborent. Le développement des espaces de « coworking » est alors apparu comme une solution permettant de briser cet isolement.
Par contre, il est certain qu’aujourd’hui, en raison de cet épisode du covid-19, il nous faudra développer d’autres approches pour briser un isolement qui, de plus, n’a pas été choisi par le collaborateur et l’entreprise…
« Chacun chez soi, mais ensemble quand même »
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