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Les séjours travail-vacances, une tendance de fond


Travail-vacance

Ce texte fait partie du cahier spécial Tourisme d'affaires


Propulsé par la pandémie, l’accès au télétravail a accéléré une tendance de fond dans le monde du tourisme d’affaires : l’hybridation entre le travail et les vacances. Décodage des principales variantes.


« C’est un phénomène qu’on voyait déjà ; on parle depuis les années 2010 des nomades numériques. Ce sont les travailleurs (par exemple dans les domaines de la technologie) qui peuvent travailler à distance », explique Amélie Racine, analyste à la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. La Chaire, qui documente les grandes tendances du voyage, sonde les Québécois sur plusieurs questions, dont le voyage hybride.


Si cette façon de travailler était documentée depuis plusieurs années, on assiste en quelque sorte à une démocratisation de celle-ci. « On n’avait jamais eu une masse critique de gens aussi importante avant la pandémie », remarque Amélie Racine. S’ouvrent alors de multiples possibilités, à cheval entre le travail et l’agrément.



Du « bleisure» au « workation »

Travail et vacances se combinent de multiples façons. Les adeptes du bleisure (une combinaison de « business » et de « leisure ») profitent d’un déplacement d’affaires (comme un congrès) pour le prolonger et y ajouter quelques journées de vacances, auxquelles se joint parfois un membre de leur famille.

Combinant les mots « work » et « vacation », le workation (ou « tracances » en français, un terme qui ne s’est pas encore imposé), signifie quant à lui le prolongement de vacances pour y télétravailler. Les télétravailleurs qui planifient un séjour pour spécifiquement travailler à distance, « comme ceux qui louent un chalet dans les Laurentides pour y travailler, par exemple », suggère Mme Racine, font aussi du workation.



Vent de fraîcheur

Pour l’industrie de l’hôtellerie, mise à mal par la pandémie, ce genre de tendance apporte un vent de fraîcheur. Nuitées additionnelles, activités, repas supplémentaires, le bleisure offre « de belles retombées économiques pour la région », avance Mme Racine.

Le travailleur, lui, tire également des avantages de cette combinaison. « On parle de plus en plus de santé mentale et de bien-être. Pour ces voyageurs — on sait tout le stress qu’engendrent certains déplacements —, rester plus longtemps pour se faire du bien aide à diminuer le stress et à avoir un meilleur équilibre », croit Amélie Racine. Dans un contexte économique difficile, pourquoi ne pas profiter du fait qu’une partie des dépenses est déjà couverte ? « Si le déplacement est payé, cela enlève une dépense », rappelle l’analyste. Conjoint et famille peuvent également profiter de quelques jours d’hébergement couvert par l’employeur (évidemment, selon les ententes avec celui-ci).



S’adapter à la demande

Devant cette clientèle qui a de nouveaux besoins, l’industrie n’a d’autre choix que de s’adapter. Même la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) cible les télétravailleurs, en leur offrant des forfaits télétravail, faisant la promotion des parcs nationaux branchés. « C’est l’enjeu principal. Les employeurs prennent le pari du télétravail, en présumant que leur employé est aussi efficace et disponible qu’au bureau. Si la connexion Internet n’est pas rapide et fiable, cela ne fonctionne pas », souligne Mme Racine.

Aménagement d’espaces de travail, révision de la disposition des chambres pour fournir un espace de bureau distinctif, partenariat avec d’autres organismes et tiers-lieux, offre de services plus complets (lavage, repas, services pour répondre aux besoins des voyageurs qui accompagnent le télétravailleur) : les établissements innovent de différentes façons pour attirer cette clientèle.

De toute évidence, la popularisation du télétravail a ouvert la porte à un réel changement des modes de vie et de travail. Reste à savoir si cette tendance est là pour de bon, nuance Amélie Racine : « Les gens auront-ils vraiment envie de continuer à travailler de cette façon ? C’est ce qu’on veut observer. »

 

LE VOYAGE HYBRIDE EN CHIFFRE

L’enquête de la Chaire de Tourisme Transat 2022 auprès de 1007 voyageurs québécois montre la popularité de cette tendance. Notons que plus d’un voyageur québécois sur cinq (22 %) a effectué au moins un déplacement professionnel entre novembre 2020 et novembre 2022.


Bleisure • Un peu plus du tiers (34 %) des voyageurs d’affaires québécois disent avoir prolongé un déplacement professionnel au Québec d’au moins une nuitée dans les deux dernières années. • De ce nombre, 55 % ont voyagé avec des proches lors de leur dernier déplacement professionnel. • Ils ont prolongé leur séjour d’affaires de deux nuitées en moyenne, pour des loisirs ou de l’agrément.


Workation • 12 % des voyageurs québécois ont prolongé un voyage d’agrément d’au moins une nuitée pour télétravailler. • 10 % ont effectué un séjour d’au moins une nuitée spécifiquement pour télétravailler hors de chez eux.


 

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.


La version originale de cet article a été publiée sur https://www.ledevoir.com/

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