L’Espagne est en train de mettre en place un visa de travail destiné à attirer des « nomades numériques » : des salariés ou travailleurs indépendants qui exercent leur activité en télétravail, ce qui leur permet de voyager ou vivre où ils veulent sans contrainte géographique. Les autorités espèrent ainsi endiguer le dépeuplement de certains villages dans des régions rurales.
Un euro pour une maison à retaper, 10 000 € pour une villa habitable en l’état… Proposer des biens immobiliers à des prix plus que très compétitifs est l’une des initiatives mises en place, en Italie, pour lutter contre le dépeuplement de certains villages situés dans des régions rurales.
L’Espagne, elle aussi confrontée à cette problématique, a eu une autre idée. Pour repeupler des localités situées dans des secteurs reculés, les autorités entendent attirer des « nomades numériques », comme le rapporte la revue américaine Wired , spécialisée dans l’actualité des nouvelles technologies, dans un article repéré par le magazine Courrier International.
Il s’agit de salariés ou de travailleurs indépendants qui exercent leurs activités en télétravail. Un ordinateur et une connexion à internet leur suffisent pour mener leurs activités professionnelles, ils peuvent donc s’établir n’importe où et en profitent souvent pour voyager.
Un réseau de villages « connectés »
Le gouvernement espagnol prévoit de mettre en place un nouveau visa, spécialement destiné à permettre à ceux que l’on appelle aussi « digital nomads » en anglais de s’établir dans le pays, indiquait la chaîne de télévision Euronews le 20 août.
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Ce permis de séjour leur permettrait de passer jusqu’à un an sur place (les ressortissants français ne sont pas concernés par cette mesure et peuvent travailler librement de l’autre côté des Pyrénées car la France comme l’Espagne sont membres de l’Union européenne).
Ce visa est très intéressant, financièrement, car les télétravailleurs étrangers qu’espère attirer le pays bénéficieront de conditions fiscales plutôt avantageuses. Et certaines communes aimeraient bien voir arriver ces « nomades numériques ».
Ainsi, une trentaine de villages ont rejoint une structure appelée Red Nacional de Pueblos Acogedores para el Teletrabajo, autrement dit le Réseau national des villages d’accueil des télétravailleurs. Toutes ces localités proposent une connexion à internet suffisamment efficace pour pouvoir (télé)travailler, des espaces de bureaux partagés, et il est possible d’y loger, précise le quotidien espagnol El País .
« Rendre le monde rural attractif pour les nomades digitaux »
Ce réseau dispose d’un site internet où sont listées ces communes, avec une carte interactive les situant sur le territoire espagnol et, pour chacune d’elles, un texte de présentation, des photos, et une estimation du coût de la vie hebdomadaire. L’initiative est destinée à mettre en valeur ces localités, en donnant aux télétravailleurs l’envie de s’y installer.
« Nous voulons rendre le monde rural attractif pour les nomades numériques et les entrepreneurs », résume Francisco Boya, le secrétaire général du « défi démographique » au sein du gouvernement espagnol, à Wired. Et en particulier dans ce que l’on appelle l’Espana vacia : « l’Espagne vide », en français.
Dans certaines régions du pays, la densité d’habitants au kilomètre carré est en effet comparable à celle de la Laponie, territoire très peu peuplé du Grand Nord de l’Europe…
L’Espagne n’est pas le seul pays à tenter d’attirer des « nomades numériques ». La Thaïlande pourrait ainsi mettre en place des visas destinés à attirer ces télétravailleurs. La Barbade, dans les Caraïbes, Dubaï aux Émirats Arabes Unis, l’Estonie ou encore la Croatie, par exemple, l’ont déjà fait. Et la pandémie de Covid-19, qui a généralisé le télétravail, a amené certaines personnes à adopter ce mode de vie.
L’enjeu ? Ces télétravailleurs, qui vivent et consomment sur place le temps de leur séjour, peuvent représenter une source de revenus non négligeable pour l’économie locale.
La version originale de cet article a été publiée sur Ouest-france.fr
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