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Pourquoi plusieurs stations des Alpes veulent-elles « devenir une terre d’accueil du télétravail » ?

Dernière mise à jour : 1 mars 2021

Courchevel, Saint François Longchamp et La Clusaz viennent de lancer des offres afin d’inciter les citadins à venir télétravailler à la montagne à partir du mois prochain.


Crédit photo : Yann Allegre sur Unsplash

« Et si vous travailliez avec vue sur les montagnes ? » Tout comme Courchevel et La Clusaz, Saint François Longchamp (Savoie) vient de lancer avec cette formule une offre spéciale télétravail, en mettant en avant un cadre de vie au cœur des Alpes et son « wifi 50 Go haut débit inclus ». Pour chacune de ses stations évidemment pénalisées par la fermeture des remontées mécaniques cet hiver, l’ambition est d’attirer, après les vacances scolaires, des citadins pour des séjours longue durée.


Directrice marketing à Courchevel Tourisme, Alexia Lainé a fait un constat durant cette crise sanitaire du Covid-19 : « J’ai beaucoup travaillé à Paris depuis un an et j’y ai trouvé l’ambiance atroce. Ici, on vit les périodes de confinement et de couvre-feu de manière beaucoup plus sereine. On a donc soumis aux propriétaires et aux hôteliers l’idée de proposer un séjour spécial télétravail. Comme tous les commerces restent ouverts à Courchevel, le but du jeu, c’est qu’il y ait de la vie dans la station ».


Crédit photo : Jasper Guy sur Unsplash

« Un marché de l’intersaison à développer à la montagne »


La commune huppée de Savoie a donc notamment commercialisé plusieurs logements, tous vite complets, dans une résidence à la Tania, sur la période du 13 mars au 10 avril, avec un tarif avantageux de 1.560 euros (au lieu de 2.600 €) en raison du contexte. « Pour les prochaines années, il y a sans doute un marché de l’intersaison à développer à la montagne, lance Antoine Chauvet, propriétaire de deux appartements à Saint François Longchamp et intéressé par cette offre de location longue avec un loyer réduit de moitié. On propose un bien-être total dans une commune se trouvant à moins de 4 heures de Paris en TGV. »


Ce développement d’un marché de la location sur les quatre saisons est justement visé par Sylvain Girard, directeur de Saint François Longchamp Tourisme, qui compte un taux de remplissage entre 30 et 60 % pour ces vacances de février : « A partir de mi-mars, l’idée est de dire aux gens "venez quatre semaines et payez en deux", en sachant que le propriétaire peut s’y retrouver avec des frais de ménage limités grâce à un séjour longue durée. On sent déjà un réel engouement pour notre offre innovante ».


« Nous ne sommes pas un parc d’attractions du ski »


Cinq réservations de logements y ont été actées pour le mois prochain. Social media manager chez Deezer et résidant à Paris depuis cinq ans, Alice Gaudriault (28 ans) a vite bondi sur cette opportunité d’évasion dans les Alpes.

«Travailler avec une vue imprenable sur les montagnes, c’est quand même un luxe. Avec mon compagnon, on va louer un appartement de 50 m2 pour 790 euros du mois, ce qui représente un tiers de nos deux loyers de studios à Paris. Plutôt que de vivre dans une immense ville où aucun loisir ou presque n’est possible, on va se prévoir des balades du temps de midi et de longues randonnées en raquettes le week-end. C’est peut-être une occasion unique de profiter d’une situation vraiment pas drôle pour en faire quelque chose d’insolite. »


La commune de La Clusaz (Haute-Savoie) fait elle aussi dans l’insolite en s’associant à Airbnb pour permettre à une famille de s’installer un mois dans un chalet de ce village du massif des Aravis, pour 1 euro symbolique. Une opération aux allures de jeu concours exceptionnel, mais avec un objectif de retombées bien plus global. « On s’est aperçu durant le premier confinement, puis l’été dernier avec 20 % de clientèle venant pour la première fois à la montagne sur cette période, que les Français ont un besoin exacerbé de se reconnecter aux espaces naturels, confie Jean-Philippe Monfort, directeur de l’office de tourisme. Nous avons un village authentique, connecté au monde entier, qui a la fibre et qui est ouvert toute l’année. Nous ne sommes pas un parc d’attractions du ski. »


« On se rend désormais bien compte qu’on dépend du tourisme »


Avec 2.000 lits disponibles hors saison de particulier à particulier, et seulement 1.800 habitants à l’année, La Clusaz symbolise ce souhait de nombreuses communes de montagne de profiter de la crise sanitaire du Covid-19 pour « devenir une terre d’accueil du télétravail ». « Ce type d’offres incitera peut-être même des citadins à changer de vie et à s’installer pour de bon à la montagne », poursuit Jean-Philippe Monfort. Un enthousiasme tranchant avec l’attitude parfois hostile de certains locaux, dans des spots pris d’assaut à la mer et à la montagne, lors du premier confinement.

« Je n’ai jamais constaté d’animosité à Courchevel, assure le Savoyard Boris Glise, qui n’en est jusque-là qu’à 20 % de remplissage de ses deux luxueux chalets mis en location pour 6.000 euros la semaine en hors saison. Avec cette étrange période, tout le monde se rend désormais bien compte qu’on dépend du tourisme, y compris un artisan en fond de vallée. Donc autant avoir un niveau d’activité de 20 % qu’une année totalement blanche. » Alice Gaudriault, qui avait déjà fui Paris au printemps dernier pour s’installer chez des amis à Saint-Alban-d’Hurtières (Savoie), est formelle : « J’ai été super bien accueillie par les habitants de cette région. Je crois que la bonne humeur appelle la bonne humeur ». Tout comme le télétravail peut donc appeler les randos dans la neige.




La version originale de cet article a été publiée sur 20minutes.fr

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