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Quand l'imagination est de mise pour garder la convivialité en télétravail

Au-delà des "réunions Zoom" et des appels téléphoniques, de nombreux télétravailleurs ont trouvé des moyens originaux pour maintenir du lien social, même à distance.



De nombreux télétravailleurs français ont réussi à recréer de la convivialité, même à distance.

Adieu les potins autour de la machine à café, le brouhaha des open spaces, les déjeuners à la cantine le midi… Un an après le début de la pandémie, un tiers des salariés français continuent à pratiquer le télétravail à temps complet. Si certains s’en accommodent on ne peut mieux, d’autres, au contraire, ne supportent plus l’isolement et trouvent des alternatives pour pallier à ce manque de convivialité.


“Entre salariés, on s’organise des soirées ‘cinéma en ligne’, des quizz nights’, des Colleagues got talent’, à l’image de l’émission ‘la France a un incroyable talent’”, raconte pour Le HuffPost Maureen, jeune employée dans l’aérospatial. Pour elle, ces initiatives participent à l’esprit d’équipe et à la cohésion. “À la Saint-Valentin, on a pu faire des déclarations amicales à nos collègues, via un questionnaire en ligne. Pour la semaine de l’écologie, on a organisé un concours de collecte de déchets à distance.”


Même ambiance dans l’entreprise d’Alexandre, acheteur junior depuis un an à Grenoble. “On participe à des ‘salons café en ligne’ sur Teams. On peut y aller à tout moment puisqu’on reçoit une notification lorsque quelqu’un entre dans la salle. Chaque mardi, on a aussi la possibilité de participer à une séance de sport en ligne.


“Chaque vendredi, on se déguisait”

Si la détresse psychologique des salariés français s’est fortement empirée en un an, c’est parce que le télétravail générerait un manque de perspective et de perte de contrôle de l’environnement, indique le sondage réalisé par Opinion Way pour Empreintes humaines en avril 2021. Parmi les plus exposés à ces difficultés, les jeunes, les femmes, mais aussi les managers qui peinent à gérer leurs équipes à distance.


“C’est important pour les télétravailleurs d’avoir des repères chaque semaine pour que les gens puissent se retrouver”, explique Christophe Nguyen, psychologue du travail et fondateur du cabinet de conseil Empreintes humaines, contacté par Le HuffPost. “L’esprit d’équipe, la confiance collective et le sentiment d’appartenance sont des exigences primordiales pour les entreprises. C’est ce qui permet aux employés d’être créatifs, de trouver du soutien, de répartir les compétences et de mieux coopérer.”


Et cet esprit d’équipe, beaucoup l’ont maintenu, même à distance. “Pendant le premier confinement, on avait nos rituels: le vendredi, on se déguisait pendant la réunion du jour et le soir on s’envoyait des photos de nos apéros. On se détendait comme ça. Une de mes collègues diffusait également un journal hebdomadaire pour se tenir au courant des nouvelles, avec des photos, des blagues…”, témoigne auprès du HuffPost Sandrine, salariée dans une entreprise d’experts comptables à Nantes.


Concours de “mèmes”, challenges, jeux, ateliers cuisine


Très en vogue également: le système du “challenge” pour entretenir la motivation des troupes. Chaque lundi, les employés exposent leur “objectif de la semaine.” “On raconte notre week-end et également nos ‘succès’ et ‘déceptions’ de la semaine passée puis chacun donne un ou plusieurs objectifs pour la semaine à venir”, nous explique Vladislav, manager d’un logiciel informatique.


Et pour renouer avec la convivialité et l’esprit d’équipe, rien de tel que l’instauration de jeux ou de défis. “Chaque semaine, on doit réaliser un défi”, nous raconte Tom, en alternance dans une banque publique. “Il y a deux semaines par exemple, on devait reproduire en photo ‘d’œuvres d’art connues’, mais on a aussi fait des ‘concours de mèmes’ et autres…”


A contrario, de nombreux télétravailleurs ne ressentent aucune envie d’échanger “de tout et de rien” avec leurs collègues. “Pour moi, il ne faut pas mélanger la vie pro et le perso”, estime Clara, 24 ans, affréteuse internationale. “Les cafés, apéros et autres, ça ne m’intéresse pas.”


Alors, comment réagir si son équipe refuse de participer à ces moments de “convivialité et d’échanges”? Pour Christophe Nguyen, la convivialité est “tout sauf une injonction.” “Un manager ne doit surtout pas imposer ces moments informels, sinon ce serait contreproductif.”

Autre difficulté du télétravail: les jeunes en stage ou en alternance peinent à s’intégrer dans une équipe et à apprendre le métier. “Ils ne voient pas le métier se faire puisqu’ils ne vont plus sur le terrain. Cela a un véritable impact dans la socialisation, et l’intégration. À moyen long terme, quand il y a aura des renouvellements dans les équipes, la productivité en période de télétravail posera question”, analyse Christophe Nguyen.


“J’ai débuté mon stage en télétravail. Le premier jour, j’ai eu l’occasion de parler avec tous les membres mon équipe pour faire connaissance. Cela permet de renforcer la cohésion de l’équipe, je trouve ça sympa. Bientôt, je compte également participer à un atelier cuisine”, témoigne Élisa, stagiaire en relations sociales.


La lassitude des réunions Zoom et des cafés Teams


Au-delà d’être une simple pause informelle, la pause-café a aussi le pouvoir de faire circuler les infos, d’en apprendre plus sur son travail, sur ses collaborateurs, sur les stratégies de l’entreprise, sur les conseils... Il s’agit du moment idéal pour glaner de précieuses informations.


“Dans la plupart des entreprises, on a constaté que les initiatives favorisant la convivialité renforçaient le sentiment d’appartenance, et l’appartenance est le premier degré de la motivation. Les entreprises cherchent à maintenir l’unité, et cela lui a donné un nouveau rôle positif”, expliquait Benoît Serre au micro d’Europe 1 en décembre 2020.


Et malgré les initiatives souvent ingénieuses et originales mises en place pour renforcer ce sentiment d’appartenance, certains salariés sont de plus en plus lassés par le télétravail. Même si d’autres, a contrario, ne se voient plus retourner au bureau.


“Un an après le début de la pandémie, on remarque que les télétravailleurs se lassent des cafés Teams et des réunions zoom et beaucoup éteignent leur caméra ou se mettent sur mute. L’individualisme s’est accru. Le télétravail peut également induire un sentiment d’iniquité. Certains se disent: ‘moi je veux être 100% télétravail dans le sud de la France’, quand d’autres se comparent à ceux qui ont des enfants ou à ceux qui sont en chômage partiel. L’enjeu est de repartir sur de bonnes bases et recréer du collectif”, explique Christophe Nguyen.


Le télétravail hybride


Quelle est donc la solution pour rompre avec le sentiment de lassitude et l’isolement? Pour Audrey Richard, présidente de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines, la solution “de demain” est l’instauration du “télétravail hybride”: 2 jours à distance et 3 jours sur site. À long terme, ce rythme permettra aux salariés de se sentir “plus détendus et de gagner en temps de trajet” tout en garantissant l’accomplissement du travail bien fait.


La France prendra-t-elle le virage du télétravail hybride ? On y arrive bel et bien. Selon les annonces du gouvernement, dès le 9 juin, le nombre de jours en présentiel pourrait être amené à augmenter, mais un nombre minimum de jours en télétravail devrait être maintenu avec un dialogue social au sein de chaque entreprise. Un assouplissement qui se fera “en lien avec les partenaires sociaux au niveau des entreprises”, a annoncé Emmanuel Macron.





La version originale de cet article a été publiée sur Huffingtonpost.fr

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